Pour 2020

Sur les chemins de l'Autonomie...

L’autonomie est une valeur plébiscitée par les parents et par la société. Le désir est grand de vouloir son enfant autonome pour des raisons pratiques et la société valorise le fait d’être précoce.
« On confond souvent autonomie et faire tout seul alors que l’autonomie englobe bien davantage. C’est avoir plaisir à faire par soi-même ; c’est un processus de développement de l’humain. C’est soutenir dans ses actions… »
« L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit mais une source que l’on laisse jaillir » Maria Montessori
C’est enrichi des connaissances actuelles et en appui sur nos propres observations que nous avons réfléchi à ce travail sur l’autonomie.

Qu’entend-on par autonomie du jeune enfant ?
L’autonomie commence dès la naissance et prend une forme particulière à chaque stade de développement. C’est un processus évolutif.
L’évolution des connaissances concernant le développement du tout petit met en évidence le rôle actif de l’enfant dans ses apprentissages et l’intérêt de son activité autonome. Il est un véritable explorateur et chercheur !
Emmi Pickler nous rappelle que « Sans avoir besoin de l’adulte, un enfant est capable de franchir seul à sa manière et à son rythme toutes les étapes de son développement, de la position sur le dos à la marche assurée selon un ordre génétiquement programmé. Et ce pour son plus grand plaisir. »
Pour un jeune enfant être autonome c’est être actif dans les différents moments de la journée, être acteur de son propre développement et se sentir reconnu comme un sujet. Bien sûr la sécurité affective est la première condition pour soutenir ce désir d’agir.
Aller sur le chemin de l’autonomie n’est pas inviter l’enfant à jouer seul et faire seul mais le guider pour développer ses capacités d’agir, d’initiatives et de plaisir dans le cadre collectif avec les adultes et les autres enfants.
« L’autonomie n’a de valeur que si elle s’accompagne de la joie de l’enfant du « je peux faire ça moi-même ». Une autonomie qui n’obéirait qu’aux attentes et aux besoins de l’adulte de progrès rapides se construirait pour l’enfant sur l’angoisse et l’abandon… » Judith Falk : directrice de l’Institut Loczy Budapest

Nous proposons de mettre l’accent sur la mise en place d’environnements favorables à l’autonomie de l’enfant qui va apprendre à travers les expériences, expérimentations, explorations qu’il vit : l’enfant est acteur de son développement à la fois sensoriel, moteur, relationnel et cognitif. Tout ceci accompagné d’un regard positif confiant dans les potentialités de chaque enfant, respectueux de chacun et dans le cadre d’une relation affective sécurisante.


Nos objectifs principaux :
-Soutenir la capacité de l’enfant à se séparer
-accompagner sa motricité libre
-Soutenir sa capacité d’initiatives
-Initier la participation active de l’enfant dans les temps forts
-Aider à reconnaître ses émotions

Les objectifs transversaux :
-Découverte du corps
-Meilleure conscience de lui-même
-Confiance en lui-même
-Valorisation de l’estime de soi
-Épanouissement de l’enfant
-Plaisir
-Bien être avec les autres
-Découverte de l’environnement

Le Cadre :
Ce travail de réflexion et d’observation est centré sur le quotidien de l’enfant. Il est prévu sur 2 années.
Il concerne les différents groupes d’âge et s’appuie sur les compétences des enfants selon leur niveau de développement, leur temporalité et leur singularité.
Il questionne et repense la pratique quotidienne, la posture de l’adulte. Très concrètement, aménagement de l’espace, organisations des temps forts, disponibilité des professionnels et travail d’équipe vont être minutieusement reréfléchis.

Les AXES :
1-  Se Séparer
Quels enjeux dans la séparation ?
Dès la naissance, le bébé s'attache à sa première figure d'attachement, le plus souvent sa mère. Ainsi la théorie de l'attachement, développée par John Bowlby, se centre sur le besoin de proximité de l'enfant à l'égard de son parent. L'enfant est un être social et, être attaché est un besoin vital.
Si s'attacher est indispensable, se séparer l'est aussi.  L’enfant ne peut pas rester dans une relation fusionnelle pour grandir.
Toutefois, l'éloignement physique ne suffit pas pour intégrer et accepter la séparation.
Comme l'expliquait Winnicott, "ce n'est pas la séparation physique le plus important mais la séparation psychique"
En effet le bébé vit un processus de séparation-individuation nécessaire à son bon développement. Cela va amener progressivement le tout-petit à construire son identité propre. Vers 6 mois, le bébé prend conscience qu'il n'est plus en fusion avec sa mère. Cette élaboration psychique lui permet de mettre de la distance pour s'individualiser.
Il est important que le bébé ou le jeune enfant puisse se sentir assez sécurisé afin de pouvoir se distancier, puis se séparer pour s'autonomiser.
L'étape cruciale de la séparation avec son parent doit être amenée progressivement. Ainsi la période d'"adaptation" à la crèche, dont l'enjeu est de permettre au parent et à l'enfant de se familiariser avec ce nouvel environnement, est nécessaire. Cette période mérite donc toute son attention afin que la séparation soit vécue avec un certain plaisir.
A la crèche, il a aussi besoin de s'attacher pour mieux se séparer de son parent. Ainsi, nous mettons en place des adultes référents dans chaque groupe. Cela va permettre au tout-petit d'acquérir un sentiment de sécurité qui va l'aider à prendre confiance en lui et en ses référents pour l'amener à se construire.
Se séparer est un chemin qui se fait progressivement sur lequel l'adulte accompagne l'enfant pour le traverser sereinement.

Les Moyens :
- Adaptations : familiarisation progressive et création d’une relation de confiance parents/enfant / référents 
- Intériorisation et répétition des expériences satisfaisantes permettent d'installer un climat rassurant dans la relation de l'enfant avec son environnement
- Respect de l'individualité et des besoins propres de chaque enfant
- Objet transitionnel symbolise l'univers qui lui est familier et lui permet de se ressourcer
- Repères, rituels renforcent le sentiment de sécurité
- Jeux de permanence de l'objet (coucous-cachés...) permettent de jouer l'absence et le retour
- Accueil du matin, retrouvailles, départ de la crèche : laisser le temps, laisser place aux émotions de l'enfant
- Continuité crèche maison et existence symbolique du parent (photos, parler du parent, cahier de liaison...
- Éloignement de la crèche : découverte d'autres espaces (sorties, adaptation à l'école...)

2-  Se MOUVOIR
Sur le dos ou sur le ventre ?
Le corps du jeune enfant doit être libre de bouger pour découvrir le monde qui l’entoure. Libre de ses mouvements, l’enfant nous prouve qu’il est pleinement compétent. Aux adultes de trouver la place pour l’accompagner sans interférer dans ses découvertes et son développement.
Au quotidien, permettre la motricité libre se traduit simplement par une attitude mûrement réfléchie et un espace, un matériel, adaptés à l’enfant.
C’est à plat dos sur un tapis ferme mais confortable qu’un nouveau-né sera le plus à même de découvrir le monde, d’expérimenter ses sensations. Sa tête est au repos, ses mains et ses pieds sont mobiles.
C’est à la fois le point de départ de ses acquisitions motrices et la position la plus reposante pour lui, à laquelle il reviendra une fois fatigué de ses découvertes. Sa tenue vestimentaire n’entrave pas ses mouvements. A sa disposition, de petits objets simples et légers de différentes textures.
Selon Emmi Pikler : « le seul but des interventions de l’adulte est de maintenir les conditions optimales à l’activité auto-induite des enfants. »
Plus l’enfant va pouvoir explorer par lui-même, plus il va pouvoir se sentir compétent, développer sa confiance en lui, acquérir une certaine sécurité dans cette liberté qui lui est laissée.

Les Moyens :
L’aménagement de l’espace est important pour pratiquer la motricité libre.
L’espace visuel doit être toujours rangé de la même manière, il trouvera ses repères.
L’adulte a un regard bienveillant et veille à la sécurité affective et physique.
Il veille aussi à offrir un environnement adapté et diversifié, par le respect du rythme de ses acquisitions : modules, marchepied, barreaux, points d’appui, toboggan, tunnel, structure motrice, plan d’escalade, vélo…
Pour pratiquer la motricité libre faisons confiance aux enfants, attendons qu’ils nous montrent par eux-mêmes leurs capacités à franchir les étapes clés de leur développement : position ventrale avec appui des avant-bras, position assise, position debout, marche. Il réajustera au mieux sa posture s’il sent finement le sol avec ses pieds.
Marcher pieds nus, ou en chaussons souples permet donc un meilleur équilibre, une meilleure adaptation, plus de souplesse, moins de chutes.
            Interdisons-nous quelques entraves à leur liberté de mouvement : la position semi-assise (soi-disant pour mieux voir l’entourage) ne leur donne pas de points d’appui. Bloqués dans leur transat, ils perdent patience, confiance en eux renonçant à essayer de ramper, de se tourner… La mise en position assise augmente le risque de chute en avant ou en arrière, contraint à crisper le dos pour tenir la position assise, sans possibilité de jeu. Le trotteur donne l’illusion du monde sans qu’il puisse réellement l’appréhender en prenant confiance en lui.
            Autorisons-nous à rejoindre régulièrement les bébés allongés sur le sol, à leur parler, à les accompagner dans leurs efforts, à pointer tout l’intérêt que nous avons à les observer, à noter leurs progrès, à valoriser leurs essais parfois réussis, parfois infructueux, bref, à les encourager, ce qui est le plus profitable aux petits, ce qui leur donne confiance en leurs capacités à aller plus loin, en utilisant leur corps.
Pour les plus grands la motricité est autant à encourager. Ainsi nous proposons des ateliers, des parcours moteurs, la salle de psychomotricité, les éléments à grimper.
Laurence Rameau nous dit : « L’enfant est téméraire et a besoin de sentir dans son corps comment modifier une prise, où mettre la main, le pied (…) La réussite n’est pas d’emblée son objectif prioritaire (…) il recommence et recommence encore.   Car l’objectif est le plaisir du mouvement, de l’action. »
L’association « 3 petits tours », animera un atelier au sein de chacune des crèches.
Une sortie en salle d’escalade est envisagée pour les plus grands.
En lien avec l’association « Ecoute moi grandir » un atelier parents /enfants est organisé un samedi matin afin de discuter autour de la motricité libre avec les parents de jeunes enfants qui ne maîtrisent pas encore la marche. Il est animé par une psychomotricienne. Voir annexe 1

3-AGIR
Oui mais comment ?
« L’essence de l’indépendance est de pouvoir faire quelque chose par soi-même » Montessori

·       Aménager l’espace : créer des repères pour favoriser les prises d’initiatives
C’est à travers un aménagement de l’espace réfléchi que nous pouvons offrir à l’enfant la capacité à découvrir et à expérimenter par lui-même par le jeu.
Il est important d’identifier les espaces de vie avec des repères visuels qui permettent d’associer les activités à des lieux. L’espace doit être sécurisant, accueillant et attractif afin que les enfants l’investissent et l’explorent librement.
Au sein des salles de jeux, l’équipe agence l’espace pour créer de façon plus « claires et fonctionnelles » différents « coins » jeux (dinette, bricolage, voitures).
 En effet, « plus la pièce comporte de divisions claires et fonctionnelles (…) plus l’harmonie et le calme sont susceptibles d’y régner » Nicole Malenfant. Le but étant aussi de laisser l’enfant se déplacer à sa guise et de laisser libre cours à son imagination, sa créativité et la fonction qu’il donne au jouet.

Des étagères basses sur lesquelles sont disposés les jeux aident à délimiter ces différents espaces. Effectivement, les jouets et activités doivent au maximum être présentés de façon visible à l’enfant pour qu’il initie son jeu car ce dernier n’a pas toujours la compétence de demander ce qu’il n’a pas sous les yeux.
·       Favoriser le libre accès au jeu
 « Le jeu est le travail de l’enfant » Montessori
Des caisses de jeux sont installées à hauteur des enfants afin que chacun puisse prendre l’initiative de choisir son jeu et de l’investir. Ils choisissent au gré de leurs envies et de leurs besoins. L’enfant est acteur et non pas dépendant de la disponibilité de l’adulte. Ces caisses sont identifiées par une image afin que l’enfant puisse prendre son jeu et le remettre à sa place.
            Lors d’ateliers, l’enfant a la possibilité d’arrêter son activité lorsqu’il le souhaite pour se diriger vers une autre possibilité d’activité à disposition. La salle sera organisée de façon à avoir à hauteur des enfants un atelier modelage, graphisme et « atelier du jour » !
Cet aménagement favorise l’autonomie de l’enfant et sa confiance en lui.

·       Un cadre donné par l’adulte rassurant pour l’enfant
« Aide moi à faire seul » Maria Montessori
L’enfant doit avoir la possibilité de s’exprimer, de prendre des initiatives et plus largement de grandir sans être livré à lui-même. La présence de l’adulte est primordiale pour son développement. En effet, il est là pour guider l’enfant, l’accompagner dans un cadre donné et des règles. Ce cadre est rassurant pour l’enfant, il le contient mais il n’est intégré par l’enfant que s’il est accompagné d’une verbalisation de l’adulte.
« Il est important de comprendre que les limites sont structurantes. Elles servent à prendre conscience des besoins des autres, des dangers, des interdits de la vie, elles apprennent à vivre avec les autres et elles sont sécurisantes. Elles montrent les attentes de l'adulte vis-à-vis de l'enfant, qui vit ainsi dans un cadre rassurant et dans lequel il peut s’épanouir. (…) Les limites apprennent à connaître tant le monde que soi-même. » Catherine Meyer, psychanalyste
L’équipe a pour rôle de travailler conjointement pour que le cadre, les règles et les limites soient les mêmes, quel que soit la professionnelle. La cohérence des pratiques est primordiale pour accompagner l’enfant dans son processus d’autonomie. Des réunions sont organisées régulièrement pour partager les observations et ajuster les pratiques et l’espace de vie.

·                        Proposer des activités d’éveil divers
« Plus on joue, plus on a envie de jouer, plus on sait jouer »
Par le jeu l’enfant développe ses compétences et son autonomie. C’est par celui-ci (et le plaisir qu’il lui procure) qu’il va faire de nouvelles découvertes et va expérimenter ses possibilités physiques et cognitives.
Par exemple, en proposant des jeux de déguisements, l’enfant va apprendre à s’habiller, à enfiler une veste seul… ; avec des ateliers cuisine, il va pouvoir apprendre à remuer, à manipuler la cuillère, ; la littérature enfantine, elle, enrichit le vocabulaire de l’enfant et lui donne envie de communiquer.
L’expérimentation de façon « générale » agit sur tous les axes de développement (motricité fine, développement moteur, cognitif, social, construction de soi…). Quel que soit le jeu, l’enfant y trouve un intérêt pour sa construction et l’aide à comprendre le monde qui l’entoure.

4-Participer
Que peut-il faire ?
Judith FALK parle « d’activité commune partagée » pour nommer le faire de l’adulte lorsqu’il se tisse avec le faire de l’enfant afin d’accomplir les tâches nécessaires à la satisfaction de ses besoins. Ce processus est à l’œuvre dans les temps fondamentaux (biberon, repas, relation au change, sommeil ) qui lui permettent de se ressourcer pour mieux être en temps d’exploration libre, serein, très important à son développement.
Ce partenariat se traduit par le soutien porté à l’enfant dans ce qu’il va entreprendre, l’accompagnement qui lui est proposé pour l’aider à évoluer, afin de répondre à son besoin de se sentir compétent.
Différents moyens peuvent être mis en avant lors des temps forts.
a)     Lors des repas :
Le repas ne se limite pas à l’absorption d’une nourriture matérielle mais affective et psychique. Il représente un bien-être quasi-total alliant nutrition, confort, relation, plaisir du goût et sensations corporelles agréables.
L’adulte encourage l’enfant et met en avant son potentiel en laissant libre cours aux initiatives lui permettant de se sentir investi, d’être dans cette relation de confiance et de partage.
Chez le tout petit, l’écoute et l’attention ne restent pas moins le meilleur accompagnement que l’on puisse lui offrir vers l’autonomie à gérer ses besoins. Respecter son rythme en attendant qu’il ouvre la bouche à la présentation du biberon ou de la cuillère, lui laisser ses temps de pause si nécessaire, avoir confiance en son autorégulation : s’il ne termine pas son biberon, son assiette, il rééquilibrera spontanément lors de prochains repas, toucher sa nourriture, manifester l’envie de prendre le biberon ou la cuillère dans ses mains… Laisser se développer chaque possibilité naissante.
Grandissant, il participe à mettre la table sous forme de jeu « mais que manque-t-il ? », à se servir et faire passer au copain, à distribuer le dessert s’il est volontaire, à débarrasser à l’aide de barquettes déchets et couverts…
b)     Lors du change :
Le temps de soin est source de conversation active et essentielle qui renforce l’enfant dès son plus jeune âge, le nourrit, le sécurise, lui apporte l’attention et l’affection nécessaires à son développement. C’est pourquoi l’adulte garde à l’esprit qu’il lave un enfant et non une paire de fesses ! Les regards se croisent, les mots accompagnent le geste lent, doux sécurisant, et sollicitent l’enfant, acteur et non objet.
Sur la table de change la manipulation tout petit respecte son développement, ainsi il est roulé sur le côté et non tiré en l’air par les pieds.
Que l’enfant ait les moyens d’anticiper ce qui va lui arriver, que les actions sur lui soient annoncées au préalable suivant un ordre répétitif et régulier sont sources de repères, d’assurance, lui ouvrant ainsi les portes de la découverte et de l’action.
Ainsi, sous forme de proposition et jeu, l’enfant est invité à avancer sa main, son pied, pour retirer un vêtement, les plier, cacher pour les ressortir, lever les jambes pour le nettoyage intime… Accompagné du toucher et de la parole, il va petit à petit découvrir son corps, première conscience de lui même, le maîtriser, et grandissant, il deviendra de plus en plus conscient de cette coopération qui a un moment deviendra volontaire.
Pour accompagner et nourrir son évolution, un escalier (selon les équipements) est mis à disposition pour atteindre le plan de change, le change debout est de plus en plus proposé, des petites panières servent à déposer les vêtements qu’il retire seul.
c)     Lors des temps de sommeil :
Au cours du sommeil s’opère la libération de l’hormone de croissance et la récupération physique et nerveuse. Le respect du besoin de sommeil assure un bon équilibre interne et passe par l’observation et l’attention portées aux signes de fatigue propres à chacun.
C’est un moment de retrouvaille avec lui-même et avec son passé dans tout ce qu’il a de bon, mais aussi un moment de séparation, de solitude, un peu inquiétant parfois…
Aussi l’importance que son lit soit l’espace protégé et protecteur personnalisé où il retrouvera les odeurs rassurantes et sécurisantes de son espace de sommeil, d’un linge de papa ou maman, de son doudou…
Toujours avec les maîtres mots d’anticipation et verbalisation, l’adulte assure un climat d’échange et laisse place aux initiatives, commençant dans la relation au change.
Si chez le tout petit l’autonomie au sommeil se traduit par le simple choix de son rythme de sommeil, chez le jeune enfant apparaissent de nouvelles capacités à gérer ce besoin. Il va pouvoir se rendre de lui-même dans son espace repos grâce aux lits bas, s’y installé selon son propre cheminement, manifester ses propres rituels d’endormissement (besoin de câlin, de caresse, d’auto bercements vocaux, de berceuses…).
L’autonomie au sommeil se révèle par le lâcher prise, l’abandon serein à l’inconscient.

Par ces temps forts, bébé se construit lentement à travers un grand nombre d’événements répétés symboles de rituels, de repères lui apportant confiance en lui pour l’acquisition de son autonomie.
Dans cette optique nous proposerons aux plus grands un marquage codé mural afin de les aider à se repérer dans l’espace lors des déplacements.
5- Se connaitre
Comment guider l’enfant dans la découverte de sa vie émotionnelle ?
Le tout petit n’exprime pas ses émotions avec des mots, n’en a pas le contrôle ou la maîtrise.
Le bébé, être de pulsions, manifeste en réaction au niveau de satisfaction de ses besoins. Il découvre la frustration.
Il perçoit l’état émotionnel de l’adulte, sorte de miroir selon Winnicott. ; Ce sont le regard, les bras, les paroles de l’adulte qui le renseignent sur ce qu’il est, colorent la vision qu’il a de lui. Il se sent digne d’intérêt sous un regard. Il absorbe aussi les stimulations environnementales (climat serein ou agité, cris…)
 Le corps est le médiateur des émotions primaires qui sont la peur (notamment de l’abandon), la colère (manifestée souvent par l’agressivité) la tristesse (passivité ou pleurs) et la joie bien sûr.
L’expression des émotions peut être bruyante mais c’est une étape nécessaire qui fait partie de la construction de l’individu.  Etre reconnu dans ce qu’il exprime par son attitude, ses paroles, ses cris, sa joie, procure à l’enfant un sentiment de reconnaissance qui contribue à développer sa confiance et lui et son estime de soi.
L’enfant doit apprendre à reconnaître, comprendre, gérer et contenir ses diverses émotions et cela prend du temps. Il n’a pas encore la capacité de raisonner logiquement.
L’adulte va donc accompagner l’enfant avec différents moyens :
-        Ecoute et compréhension : écouter ce que l’enfant dit ou a à dire dans la mesure de ses possibilités, selon son niveau de développement, ses expressions ; ce qu’il exprime de façon verbale ou non par ses expressions corporelles, son attitude.
-        Empathie : comprendre son ressenti, ce qu’il éprouve avec un regard non jugeant et lui refléter
-        Contenance : accepter son ressenti et poser un cadre
-        Disponibilité : véritable présence attentive et rassurante
-        Réponse personnelle ajustée tenant de ses besoins propres à cet instant donné.
Il utilise des outils de communication :
-        Verbalisation : les paroles, indispensables à l’acquisition du langage, informent, préviennent, questionnent, sollicitent, accompagnent…Elles ont un rôle essentiel dans la construction de l’enfant car le langage est vecteur d’autonomie.
-        Communication bienveillante : reformulation, verbalisation, silence bienveillant.
-        Communication gestuelle associée à la parole : Le jeune enfant utilise son corps pour faire comprendre ce qu’il veut avant de maîtriser le langage oral. Une verbalisation, normale est nécessaire. Elle est juste soulignée par un geste. Peu à peu le bébé va associer le signe au mot et pourra alors l’utiliser s’il le souhaite pour se faire comprendre, à défaut de pouvoir encore dire le mot. Le signe s’inscrit dans une communication respectueuse : il y a de l’écoute et le signe oblige à prendre le temps d’informer l’enfant. Cela permet de limiter la frustration de l’enfant qui n’arrive pas à se faire comprendre avec des mots, et cela le rend acteur sans retarder l’émergence du langage.12 signes basiques sont retenus (annexe) et sont communiqués aux familles.

Les moyens de l’enfant :
-Les interactions entre enfants constituent des expérimentations, certaines plus appropriées que d’autres pour apprendre les différentes formes de communication avec les autres.
-L’imitation, coopération pour organiser des jeux favorise la construction de connaissance propres à leur âge.
- L’empathie se développe naturellement chez l’enfant. Encouragée, elle aide à prendre conscience des réactions émotionnelles de l’autre. C’est la base des rapports sociaux. Le ressenti émotionnel semble jouer un rôle important dans la capacité du cerveau à créer des connexions synaptiques. Face à des fortes émotions, le bébé sécurisé par l’adulte va vivre cette expérience comme apprentissage alors qu’au contraire les émotions négatives non accompagnées vont inhiber le développement des connexions synaptiques.
-Jouer et rejouer des expériences vécues dans la réalité permet de maîtriser les émotions qu’elles ont provoquées en lui. Par exemple le coucou/caché aide à accepter les émotions liées à la séparation.
-Le « doudou » est à disposition dans un panier à doudous. Ou des pochettes à doudous ont été placées à hauteur d’enfant pour les plus grands. L’enfant est donc libre de pouvoir poser son doudou lorsqu’il n’en ressent plus le besoin, notamment pendant les différentes activités ou le prendre quand cela est nécessaire. Grâce à lui, l’enfant apprend à être autonome en conservant un sentiment de sécurité devant de nouvelles situations. Il peut s’appuyer sur SON doudou qui reste SA propriété exclusive et son fidèle compagnon.

La Posture de l’adulte
 « L’accompagnement éducatifs doit d’être d’une finesse et d’un professionnalisme tout à fait remarquable. » Laurence RAMEAU



C’est l’ensemble de cette prise en charge que découle la sécurité affective de l’enfant favorisant son désir d’autonomie, de découverte du monde et la construction d’un « moi-fort ».
« L’enfant est compétent à chaque stade de développement, je recueille ce qu’il a à me dire et je m’adapte »

Portage physique ou psychique de l’enfant :
La question du portage implique de penser la relation à l’enfant. Notre façon de toucher et soutenir le corps de l’enfant, autant que notre disponibilité psychique, vont influencer sur le développement de son tonus, sa propension à communiquer, la construction de son image et de son estime de soi.
Offrir au bébé dans tous les soins et toutes les manipulations un bon soutien postural est essentiel mais pas suffisant. La qualité de relation individuelle et privilégiée entre l’adulte et l’enfant est indispensable pour créer ou enrichir cette relation et soutenir le sentiment de sécurité psychique de l’enfant
Le rôle de l’adulte est de permettre au tout petit de se percevoir comme un individu, de construire son « moi-corps » sur lequel va s’étayer son être psychique et sa personnalité (disponibilité de l’adulte, paroles et communication, gestes doux, lents et adaptés, contenance, respect de sa liberté corporelle, observation et reconnaissance des signaux envoyés par l’enfant).

Présence soutenante :
« Lui tenir la main sans trop la serrer pour lui permettre de partir lorsqu’il sera prêt » association PicklerLoczy
 « Les adultes sont comme des « phares ». Un phare est ce qui éclaire et sécurise une zone. Les enfants jouent principalement dans les endroits « éclairés » par la présence des adultes. (…) Etre un « phare » tranquille et bienveillant suffit à assurer la sécurité affective des enfants qui va leur permettre d’aller partout et de développer des interactions variées et positives entre eux. (…) Valoriser la capacité d’agir et d’initiative n’est pas inviter l’enfant à jouer seul, mais à prendre un rôle dans un jeu (…). Anne Marie FONTAINE

Un travail d’équipe efficace est indispensable. Il permet à tous de sortir grandis d’une situation difficile et de vivre de nouvelles situations.
Nous mettons l’enfant au cœur de la vie de la crèche, en lui laissant le choix de participer aux activités, en lui laissant la possibilité d’explorer en toute sécurité, en lui laissant le temps d’essayer, en lui laissant le droit de ne pas avoir envie, en lui laissant la possibilité de trouver des solutions par lui-même, en l’encourageant, en étant bienveillant, sans jugement, ni comparaison.

Pièges à éviter
-        Le laisser faire (manque de repères) crée un sentiment d’abandon
-        « Tu es grand tu fais seul » met l’enfant en difficultés.
-        Faire des demandes non adaptées par rapport à son stade de développement.
-        Le libre choix : Choisir est difficile pour un enfant de moins de 3 ans. Choisir implique un renoncement et son cerveau n’est pas mur pour ça.
-        Confondre autonomie et capacité à faire seul (Ex dans le cas de la propreté, l’enfant est propre quand il est capable d’avoir l’initiative de …).
-        Ce n’est pas parce que l’enfant peut faire seul qu’il doit être seul et toujours faire seul.
-        Référence n’est pas préférence.

Et les parents dans tout ça ?
Les parents, référents principaux de l’enfant sont les plus compétents dans l’éducation de leur enfant même si les pratiques diffèrent à la maison. Notre objectif est le même : bien-être et épanouissement de l’enfant. Le parent est accueilli sans jugement. Une attitude d’écoute, de réceptivité, d’attention empathique aide à construire un échange.

A la clé …
Sur le chemin de l’autonomie, l’enfant apprend de manière implicite et naturelle à partir de la richesse de son environnement dans un climat affectif et sécurisant. Faire l’exercice de ses compétences est fondamental pour la construction d’une bonne image de soi.
Il devient acteur de son développement dans le jeu et plus largement au moment des temps forts, et acteur aussi dans sa relation aux autres…
Il développe des capacités…capacité à intégrer les limites, Capacité à se séparer, aisance corporelle, oser, agir…Capacité à évaluer les risques, meilleure confiance en lui.
Aller et être à l’aise avec les autres de manière coopérative, se connaitre pour aller vers l’inconnu dans un autre espace …et quitter sereinement la crèche pour l’école…

Bibliographie :
- « La pédagogie active en crèche » Nathalie RETIF 
- « RESPONSABILISER SON ENFANT » Germain DUCLOS
- « L’éveil de votre enfant » Chantal DE TRUCHI
- « De la naissance aux premiers pas » Michèle Forestier
- « L’accueil en crèche » Laurence RAMEAU Boris CYRULNIK
- « Le petit enfant au quotidien » Nicole MALENFANT
- « L’approche picklérienne en multi accueil »
- « Porter le bébé vers son autonomie » Anna PINELLI
- Revue « Le journal des professionnels de l’enfance » 07/08 2005
- « Pour une enfance heureuse » Catherine GUEGUEN
- « Pourquoi les bébés jouent ?» Laurence RAMEAU
- « L’itinéraire ludique » Laurence RAMEAU
- Métiers de la Petite Enfance –Avril 2016
- Métiers de la Petite Enfance –Mai2016
- Métiers de la Petite Enfance –Janvier 2018
- Métiers de la Petite Enfance –Juillet 2019
- EJE Journal n°42 « le langage des émotions » juin 2016
- « 60 activités d’éveil Montessori » Marie Hélene PLACE

Livres enfants :
- « Tout seul » Catherine DOLTO
- « Caillou je suis capable » Hélène DESPUTAUX
- « Maxime et Rosy aiment faire tout seul »  Charlotte POUSSIN
- « Tu t’habilles comment ? » Judith Guefier

Pour les parents :
- « De la naissance aux premiers pas » Michèle Forestier
- « RESPONSABILISER SON ENFANT » Germain DUCLOS
- « L’éveil de votre enfant » Chantal DE TRUCHIS
- « Au cœur des émotions de l’enfant » Isabelle FILLIOZAT
- « J’ai tout essayé » Isabelle FILLIOZAT
- « 100 activités d’éveil Montessori » Eve Hermann
- « La guerre des repas n’aura pas lieu » Patrick SEROG
- « 60 activités d’éveil Montessori » Marie Hélène PLACE
- Site WEB : » BOUGRIBOUILLONS.FR »